Born in Farino, New Caledonia, in 1901, Jean Mariotti became that island’s foremost author of poetry, novels … and one children’s book, Les contes de Poindi (his only published English translation). Much of his adult life was spent in Paris, but he often returned to his island home for years at a time. Please read Le roi Nickel: Jean Mariotti en Nouvelle-Calédonie, a terrific account of his life and work by Eddy Banaré (in French only).
After searching far, wide and wider – including many queries to the now-defunct Association pour l’édition des œuvres de Jean Mariotti – I am happy to report that these English translations by Catherine Rey from Mariotti’s collection, Sans Titre, are the first known ever to be published in print or online.
(sans titre)
Les étoiles
Ont craché un soleil pâle
Le monde tourne
Et la boue monte humide
Comme un crachat de lépreux
C’est l’aube d’un beau jour
Elegie
La ville
Crève comme une croûte molle
Globuleuse et rouge
A la surface de la nuit
C’est un beau chancre
Et que la crasse fleurit bien
Au coin des mur de pierre
Il faut vingt balayeurs
Pour faire oublier la présense
D’un homme
Ils sont ici
Des millions d’hommes
Et quelques balayeurs seulement
Et comme c’est laborieusement sordide
L’homme pue superbement de partout
Et son remugle
Est tenace
Ici
Ils sont trois millions à puer
Dans de petites cages
Aussi
Est-ce une grande ville
(sans titre)
Les mots n’ont pour bercer
Qu’un charme doux et vague
Plus cher d’être changeant imprécise et sonore
Et muet et multiple
Et immobile
Et vain
Les mots n’ont pour bercer
Qu’un charme vain et doux
Que rien
Ne force d’être réellement sonore
Autrement et ailleurs
Qu’un le cerveau qui les vit éclore
Tout parés
Du halo
De genèse
D’où
Naissants ils sortirent
Alors que peut-être – nous disons-nous –
Ils n’étaient
Pas encore vains
Soir
Fragile
La lumière fuyante
Tisse d’agiles toiles
Qu’un rayon
Chaud encore
Colore d’argile rouge
Dans l’air rien ne bouge
Pâles les premières étoiles
Scintillent
Loin des villes