Réhabilitation des enfers
S’ils Sont Jaunes
(Extraits)odeur d’herbe coupée
la promeneuse chancelle
sol de trompeuse linéarité
comme un creux dans l’oreiller
sommeil noir et blanc
un pied dans le songe l’autre affairé
buste ouvrant son placard
d’émoi placard mué en étaloir
où dorment les papillons
constitution du vide qui nous habite
odeur des foins blancs
ombre du sureau ajoute l’humidité
flash de marais salants
papillons perturbant les lignes
vertige une nouvelle fois
promeneuse du nous
emmène de ci de là
effeuille les coquelicots
verger dans le dos les branches d’absolu
paralysent lentement ô fin du corps
dans la fin du rêve châssis du nous
tangible d’inaperçu chemin où s’aliter
puis colzas qui font vert-jaune
jaune ! Puis odeur sans colzas ni verger
ni ombre monde neutralisé
genêts au bord des routes
quels êtres sont-ils au fond ?
Ni faune ni flore ni minéral ni humain
ceci et cela désignation éclatante
si vive que l’obscure caverne qui les précède
n’apparaît plus que les genres tournoient
que le jaune crie et crie !
Ah ! Vivants superbes et couronnés
marchent de ne plus marcher
ceci d’ombre cela d’éclat
voix lumineuse passe les frontières
rythme des buissons ceci-cela
épais comme des étoiles
mort-leur lentement descend jusqu’à…
Quel puits masque l’asphalte ?
Quel tamis retient jaune après le jaune ?
Genêts gobe-beauté ailes découpées
dans bleu trop bleu faisceau de lignes
chronique-silence virage et…
routes cygnes-leurs noirs
voguant vers le feu
forme-lied forme-lied
compression de paysage
majuscules sous enclume
bouteilles canettes bruitant
sous le chapiteau qui danse ?
Qui ne danse plus ?
Grande Chose du vent
se loge dans l’abstraction
parfois lui donne du volume
parfois dépose un voile de poussière
ou prend feu ou fait apparaître l’humain
sa jambe son bras sa jambe son bras
élasticité du jour tension de la nuit
Chose aussi de l’amour
vestes jetées sur les braises
Chose du tournoiement ou de l’éclipse
quand répondras-tu au qui dansant ?
Des visages percent l’obscurité
pendus comme des lanternes de fête
des monstres au pied léger naissent
le temps est noir comme une cuisinière à bois
l’odeur est un beau labyrinthe
hommes femmes se tordent comme des forêts
on – autre de Chose – verse l’immobilité dans les pichets
verres et plateaux éclatent sous le gel
l’acrobate marche dans la peur
plus rien ne bouge dans la ville
les arbres gonflent leur baudruche verte
le ventre est nu pour danser
rond comme un miroir
ô danseur-danseuse
il devient le lieu de votre visage
pour son absorption
comme s’il était l’aile où le cacher
et les mains comme c’est étrange
beige-papillons croisent vos destins
le chapiteau est ce moment
où les choses glissent ou voguent
l’homme a tenu l’homme par des fils
par de petits drapeaux
par ses branches noueuses
par ses cornes
par le singe juché sur son épaule
et à la fin – dit-on – l’homme s’est éteint
la Chose est revenue
d’entre feuillages nuits toits
peut-être est-elle tombée
d’une de ces cuisses gracieuses
Ah ! Comme elle roule !
Comme elle menace de les faire trébucher !
Comme elle est dure !
Énorme et sans contours distincts
îlot dans la brume
effroi-paix
connaît-on autre parenté autre ramification
visage muet toujours un œil plus fermé
d’obscur en clair patio aux hortensias
grosses fleurs peu à peu transformées
en ces soleils anthropomorphes
en ces faces sévères de la grâce
quêtant les hachures sublimes
les tiges qui s’élèvent devant le visage
apeuré – comme elles poussent vite
pour le cacher ! – Les ruisseaux le sillonnent
du fond des âges – comme il est vieux !
Centre du jardin comme une statue blanche
chant d’oiseau sort la nuit de sa nuit
modulation des papyrus long dit souple
temps des perdrix train entre les champs
visage odorant visage flétri panier d’herbes
train qui repasse ralentit traverse chaque corps
le contorsionne – l’infini n’est pas loin – chuinte-t-il
le dépose dans un pâturage avec des montagnes
derrière – au-revoir – dit l’homme
et le train court dans la vallée en se demandant
si le paysage peut empêcher l’humain ?
– Enfin ! – soupire-t-il allégé et froissant les lavandes
qui embaumaient les linges et les lieux
Translated Extracts from Chantal Danjou
By Dominique Hecq and Chantal Danjou | 1 February 2019
Pages: 1 2
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